Tartuffe 1664-2022


TARTUFFE



d'après Molière


(en création)

Mise en scène, adaptation et montage : Philippe Mangenot

Avec : Rafaèle Huou, Philippe Mangenot et Steve Ollagnier

Musique : Steve Ollagnier

Lumière : Mireille Dutrievoz

Costumes : Alex Costantino

Son : Eric Dutrievoz


Production : Théâtres de l’Entre-Deux

Co-production : Théâtre Théo Argence de Saint Priest   et EPCC  Travail et Culture

Avec le soutien de la SPEDIDAM, de la Ville de Lyon et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Résidences de création : Karavan Théâtre (Chassieu),  Allegro (Miribel), Espace Saint Marc (Lyon), Théâtre de la Renaissance (Oullins), EPCC Travail et Culture (Saint-Maurice-l'Exil)...

" Le Tartuffe  de 1664 : le premier Tartuffe de Molière, censuré et joué une seule fois de son vivant ! "


Notre Duo Juan vient de fêter sa 100ème représentation cette saison 21/22.

Il nous est apparu comme une évidence, riche de cette aventure, de nous attaquer aujourd’hui à Tartuffe.

Car ces deux pièces sont pour nous presque indissociables : Molière monte Dom Juan en 1665 parce que son Tartuffe de 1664 est interdit !

Et c’est bien le Tartuffe de 1664, c’est-à-dire la première version en 3 actes, censurée et jouée une seule fois du vivant de Molière, que nous allons créer.

En suivant l'hypothèse de Georges Forestier, nous sommes partis sur les Actes 1, 3 et 4 de la pièce en 5 actes. Cette nouvelle version nous offre une pièce condensée plus rude, plus âpre que la version de 1669 en 5 actes. Elle se termine par « l’implosion » d’une famille et non par l’arrivée de l’Exempt et le triomphe du Roi…


Pourquoi monter ce Tartuffe de 1664 en 2022 ? Le monde et les mœurs ont évolué, bien sûr, mais il est des invariants de la condition humaine qui demeurent : le désir de sauver l’autre, la peur de ne pas être aimé, les situations d’emprise, le risque de succomber à l’attirance de « l’homme (ou de la femme) providentiel(le)»…


Et puis, comme avec Dom Juan, Molière témoigne avec son Tartuffe d’une foi inébranlable dans le théâtre ! 

Car c’est bien le théâtre qui va faire triompher la vérité à la fin de la pièce (et non le Roi dans la version de 1669) ! Dans le IIIème et dernier acte, Elmire va changer de rôle pour prendre les commandes : elle va passer du statut de femme d’Orgon à celui de metteuse en scène (et comédienne) de l’action en cours, reléguant ainsi son mari au rôle de simple spectateur (caché sous la table). Pour dessiller les yeux d’Orgon, c’est bien le Théâtre qu’Elmire va convoquer. Comme si, pour Molière (et pour nous), ce n’était pas simplement la croyance religieuse mais bien toutes les croyances qui devaient être questionnées par le théâtre !


Cette foi dans le théâtre, nous voulons nous aussi l’affirmer, en montant Tartuffe comme nous avons monté Dom Juan : avec deux acteurs et un musicien au cœur de notre dispositif.  C’est donc bientôt un « diptyque Molière » que nous pourrons proposer : enchaîner ces deux pièces dans une même soirée, dans un même espace, pour mieux les faire résonner entre elles et fêter ainsi, à notre manière, les 400 ans de la naissance de Monsieur Molière !

La genèse du projet, par Philippe Mangenot

 

De Vitez en 78, en passant par Morin en 2013, puis par la création de notre Duo Juan en 2018, on arrive enfin à notre Tartuffe en 2022 !

 

En 1978, Antoine Vitez monte quatre pièces de Molière au Festival d’Avignon avec des comédiens tout juste sortis du conservatoire de Paris, dans un décor unique. Il s'agit des quatre pièces qui sont la clef de voûte de l'œuvre de Molière : L’École des femmes, Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope. Il fait jouer par de jeunes acteurs des rôles majeurs du répertoire, souvent tenus alors par des comédiens beaucoup plus âgés... Un vent de jeunesse et de modernité souffle sur ces œuvres. Il réinvente, je cite « des idées très connues déjà, primitives, essentielles pour le théâtre : la compagnie, l'alternance, l'unité de temps et de lieu ».


Plus de trente ans après, Gwenaël Morin choisit ces mises en scène comme matériau pour travailler avec des élèves acteurs du Conservatoire de Lyon. Je l’assiste dans cette aventure pendant cinq ans. Très vite, il s’éloigne du modèle original mais garde Molière comme une formidable machine à jouer, pour sa « puissance fondamentale de produire du théâtre ». L’enchaînement des quatre pièces dans l’ordre d’écriture met en exergue les archétypes et la similitude de certains caractères ou situations. La distribution est faite au hasard, par tirage au sort, sans tenir compte des rôles d’hommes ou de femmes, des personnages principaux ou secondaires.

 

Pendant 5 ans, je vois ces jeunes acteurs se transformer par la pratique quotidienne de leur métier. Morin me confie la responsabilité de la tournée en France et en Suisse, ainsi qu’un formidable projet de transmission qui consiste à remonter ces pièces avec une nouvelle promotion du Conservatoire. Je finis par connaître intimement ces œuvres que nous jouons aussi bien dans d’immenses théâtres (Les Amandiers à Nanterre) que dans de petites salles des fêtes du département du Rhône. Et comme l’acteur ne peut se reposer sur aucun décor ni moyen technique, c’est toujours à lui d’opérer le changement d’échelle d’un lieu à l’autre, avec sa voix et son corps. Ce travail me passionne et un jour, sur une représentation de Dom Juan, j’ai une petite révélation : ne pourrait-on pas encore radicaliser le processus de création en n’étant plus que deux acteurs pour monter tout Dom Juan ? La pièce n’est-elle pas une succession de « duo » ? Ne pourrait-on pas remplacer le tirage au sort de Morin par une logique de plateau qui déterminerait la distribution en s’affranchissant là encore des questions de genres et d’emplois ?

C’est ce pari que j’ai voulu relever en 2018. A une condition : ne pas transformer la pièce de Molière pour l’adapter à notre contrainte mais, au contraire, respecter le texte, à la lettre, et utiliser les moyens archaïques du théâtre pour jouer toute la pièce à deux ! Au final, nous étions trois car j’ai très vite ressenti la nécessité d’être accompagné rythmiquement dans cette aventure par un musicien.

Et ce pari, nous l’avons tenu puisque nous avons fêté, la saison dernière, la 100ème représentation de notre Duo Juan. Et, à notre très grande surprise, on ne nous a jamais renvoyé que notre système en duo amenait de la confusion dans l’œuvre, mais qu’au contraire, elle y gagnait en clarté ! 

 

Nous voulons aujourd’hui poursuivre ce travail et cette aventure en montant, de la même manière, Tartuffe dans sa première version, celle de 1664, avant de nous attaquer, un jour, à L’école des femmes et au Misanthrope…afin de proposer nos « Molière de Vitez » !


L'affaire  Tartuffe, par Georges Forestier


Le Tartuffe ou l’Hypocrite, comédie en trois actes, est créé à Versailles devant Louis XIV au soir du 12 mai 1664, à l’issue d’une longue semaine de fêtes auxquelles ont largement contribué Molière et sa troupe. Deux jours plus tard, le Roi fait savoir au dramaturge qu’il ne pourra donner de représentations publiques à Paris. Le souverain a été convaincu par l’archevêque de Paris, son ancien précepteur, que Le Tartuffe pourrait contrarier sa politique religieuse : huit jours après s’être affirmé comme le « roi très chrétien » défendant l’orthodoxie catholique face à « la secte des jansénistes » il ne peut pas apparaître comme un jeune insouciant qui mépriserait les catholiques les plus fervents en laissant jouer devant le public parisien, après l’avoir lui-même applaudie, une comédie ridiculisant les dévots. Malgré ses efforts, Molière ne peut faire revenir Louis XIV sur sa décision. Le Tartuffe est devenu une affaire d’État.


Il faudra attendre 5 ans pour que la pièce soit enfin jouée, dans une nouvelle version en 5 actes, le 5 février 1669.



Notre Tartuffe peut se jouer partout, aussi bien dans des théâtres que dans des établissements scolaires ou même des salles non-équipées pour le théâtre. Nous disposons de tout le matériel technique nécessaire (son, lumière, rideaux…) pour transformer n’importe quel espace en un petit théâtre de 100 places,  en ayant seulement besoin, sur place, d’une simple prise de courant (16 ampères).

Si vous souhaitez accueillir une représentation dans votre établissement ou dans votre commune, vous trouverez de nombreuses informations ICI.

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