Brèves Cabaret Lagarce

Nos brèves autour de "Cabaret Lagarce"


Un verre dans la nuit...

Le 6 février 2022 à Lyon / Théâtre des Marronniers


Après notre Cabaret Lagarce, comme nous ne pouvons offrir un verre (pour les raisons que l’on connaît) aux Marronniers, nous donnons rendez-vous, à ceux qui le souhaitent, à 50 m du théâtre, sur la place Antonin Poncet, pour prolonger la représentation joyeusement.


Depuis hier, nous sommes une dizaine à partager une coupe de Crémant  et aujourd’hui, parmi nos spectateurs, il y avait un homme qui ne connaissait  ni Jean Luc-Lagarce, ni les Marronniers ! Il est juste passé devant, par hasard, 30mn avant la représentation et sa curiosité l’a poussé à franchir les portes du théâtre ! Il nous a confié avoir adoré sa soirée !

La présence de cet inconnu nous a réjouis.

Merci à lui et merci, évidemment, au public  averti (ou non)  qui était là aussi…


Vive le théâtre !


 Elle s’est levée !

 Le 18 mars 2021 à Lyon (Lycée Les Lazaristes)


Dans notre travail sur Jean-Luc Lagarce, nous avons fait une jolie découverte avec une courte pièce de ses débuts : Ici ou ailleurs. Il y est question, entre autres, d’un auteur qui n’arrive plus à écrire et d’une actrice qui n’arrive pas à jouer : jamais faite pour le rôle, ce n’était ni le jour ni l’heure, trop tôt ou trop tard, pas l’ombre d’une histoire qu’on lui donnait à jouer, rien… Deux échecs donc, et quand on sait que Jean-Luc Lagarce lui-même jouait le rôle de celui qui n’arrive plus à écrire, cela devient vertigineux…


Dans cette histoire, l’actrice n’en finit pas de recommencer. Elle rentre et elle dit : « je refais ». Elle revient, ressort, revient, ressort puis, à la fin, menace les spectateurs :

« Pour la dernière fois, pour la toute dernière fois, je vais sortir (…), je compterai jusqu’à cent, si personne, passé ce délai, n’est venu me retrouver, poser sa main sur mon épaule, s’occuper de moi, me parler de mon apparence ou regarder mon corps, je mourrai, je me donnerai la mort, une belle agonie de fin de drame ! »


Habituellement, j’observe le public, longuement, et je conclus : « et personne ne bouge… ».

Et là, une élève s’est levée, en fond de salle ! Elle a couru pour monter sur le plateau et elle a posé sa main sur l’épaule de notre actrice…

Moment de trouble et d’émotion, partagé par toute la salle. Et nous avons salué, tous les trois, presque comme si cela marquait la fin de notre représentation…


Après le spectacle, nous sommes revenus sur ce moment. L’enseignante nous confia avoir eu peur en la voyant bondir… souvenir récent d’une élève aux Célestins, malade, qui s’était levée brusquement, non pour poser sa main sur l’épaule d’un acteur mais pour vomir…

Quant à notre héroïne du jour, elle nous a avoué : « c’était comme un appel au secours, je ne pouvais pas ne pas me lever ». 


Merci, cher poète, pour ces mots qui nous invitent à agir, à « bouger de nous-même » !



Presque jusqu’à la fin…

Janvier 2021, La Boisse

 

A l’occasion de notre deuxième filage de notre "Cabaret Lagarce" devant une soixantaine de lycéens d’une option théâtre dans l’Ain, un enseignant était assis, un peu à l’écart, isolé sur une chaise, sans voisin immédiat donc. Au bout de 15 minutes, je l’ai repéré, portable allumé et je me suis dit (en jouant) : celui-là, il est quand même « gonflé » de faire ça, ostensiblement, devant ses élèves, pendant le spectacle…J’ai failli intervenir, en direct, puis je me suis ravisé en me disant qu’il valait mieux attendre... la fin, pour faire un petit « recadrage » devant ses élèves, qui eux étaient parfaits dans leur écoute et leur attention…

 

Un peu plus tard, toujours en jouant, je passe juste à côté de lui : il est encore sur son téléphone et ne le range pas en me voyant ! Là, je me suis dit que la petite mise au point serait cinglante et que je ne le ménagerais pas après les saluts ! Et voilà que, quelques minutes avant la fin, avant la fin de Juste la fin, notre homme se lève et quitte la salle ! Sans doute avait-il un cours ou une occupation plus importante, cela peut arriver au sein d’un lycée…

 

La représentation se termine, sans lui donc, et pendant l’échange avec les élèves, je reviens sur l’incident en précisant qu’au-delà de la gêne pour les acteurs et les spectateurs, ce comportement marquait pour moi une sorte d’échec du théâtre à nous arracher à notre hyper-connectivité, comme si la fiction représentée n’était pas assez puissante pour nous faire vivre un temps en dehors du temps, pendant lequel on se surprend à oublier son téléphone…J’ai alors senti une légère gêne chez les enseignants encore présents puis nous sommes passés à autre chose…

 

Un peu plus tard, pendant le démontage, voilà que notre homme surgit dans la salle en nous disant : « il paraît que vous avez été heurtés par mon téléphone ? ». Je m’apprête alors à une petite joute verbale, je bouillonne intérieurement, quand l’enseignant poursuit : « Je voulais vous dire que j’ai beaucoup apprécié votre spectacle !».

Là, j’ai été comme abasourdi, je ravale ma salive et la pression retombe, d'un coup…Il s’excuse et il poursuit en précisant qu’il consultait son téléphone pour chercher des informations sur ...Jean-Luc Lagarce, qu’il ne connaissait pas !! Il a donc appris, entre autre, que notre auteur était mort du sida en 1995…

Il n’était donc pas tout à fait « déconnecté » du spectacle et avoua quand même, à demi- mot, un peu honteusement, que ce n’était pas un bon exemple à donner aux élèves !


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